Comprendre les pièges à moustiques : utiles mais pas suffisants.

Les pièges à moustiques sont développés et commercialisés depuis de nombreuses années : ils capturent les moustiques en les attirant
au moyen de certains stimuli, en fonction des stades ciblés (adultes, larves).

L’offre commerciale de pièges à moustiques à usage domestique ou collectif a énormément cru ces dernières années, notamment avec l’installation croissante du moustique-tigre (Aedes albopictus) dans de nombreuses régions jusqu’alors exemptes de nuisances liées aux moustiques.

Ces pièges sont quelquefois présentés comme une solution suffisante à elle seule et une alternative aux traitements ou à la stratégie de réduction des gîtes larvaires. Ils sont censés être efficaces, économiques voire écologiques.

Aussi, les particuliers et les collectivités, gênés par les moustiques et intéressés par ce type de solution, peuvent se trouver « perdus » face à la multitude de références et de caractéristiques et à des discours liés à la stratégie marketing.

Comment ça fonctionne ? Stimuler et tromper les moustiques.

Les pièges émettent un stimulus qui va tromper les moustiques et les attirer.
Il y en a 3 catégories :

Pièges à oviposition

L’eau attire les moustiques-tigres qui cherchent à pondre et les emprisonne ou les noie.

Pièges lumineux

Ils désorientent les moustiques la nuit et les attirent.

Pièges à CO2 (gaz carbonique)

Ils attirent les femelles qui cherchent à piquer et un système d’aspiration les emprisonne.

Chaque piège est conçu pour un usage dédié : espèces ciblées (urbaines et/ou rurales), facilité de maintenance (gaz, attractif,
branchement, autonomie), choix de l’emplacement (dans un jardin, en ville ou à la campagne).
Le marketing prend parfois le dessus sur les éléments scientifiques : par exemple, les pièges lumineux ne fonctionnent que la nuit et ne peuvent être considérés comme un moyen de lutte dans nos régions méditerranéennes, où les espèces nuisantes s’activent plutôt en plein jour et au crépuscule.

Sont-ils sélectifs ? Oui, sauf les pièges lumineux…

Toutes les espèces de moustiques du littoral méditerranéen n’ont pas les mêmes comportements : certaines piquent l’Homme et d’autres pas ; certaines piquent la journée et d’autres la nuit, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur des habitations. Le système de piégeage choisi doit donc être adapté à l’espèce de moustique ciblée.

Les pièges à oviposition (A) ciblent majoritairement les moustiques-tigres.

Les pièges lumineux (B) ne sont pas adaptés car ils capturent tous les insectes qui se déplacent la nuit et pas uniquement les moustiques !

Les pièges à CO2 (C) sont très sélectifs : seuls les insectes qui ont besoin de sang sont attirés par ces pièges.

Il n’existe pas de piège à tout faire ! La forme du piège et les attractifs supplémentaires (octenol, acide lactique, etc) vendus par chaque fabricant permettent de cibler certaines espèces ou des groupes d’espèces (moustiques-tigres urbains ou moustiques des marais).

Pour les pièges à CO2 (C), qui attirent les moustiques qui cherchent
à piquer, en milieu urbain (moustiques-tigres) ou en milieu rural
(moustiques issus des zones humides), on est face à des espèces
dont les émergences sont massives et multiples tout au long de
l’année.

Ainsi, les multiples mises en eau des gîtes larvaires amènent chacune leur
génération de moustiques, grossissant les rangs de la précédente.
Leur population globale est croissante et les pièges à CO2 (C) ne vont donc pas
pouvoir l’éliminer en totalité. Il en restera toujours suffisamment pour générer
une nuisance. De plus, les moustiques préfèrent toujours un hôte à un piège
(l’original à la copie).

En milieu urbain, face au moustique-tigre, les pièges à oviposition (A), peu onéreux, simples de conception et d’entretien, peuvent être un allié dans la lutte contre cette espèce.
Par contre, ils n’exonèrent pas l’action régulière d’élimination des gîtes larvaires : moins il y aura de gîtes, plus le piège sera attractif.

Utilisés à l’échelle d’un quartier ou d’une résidence, ils peuvent être une aide, alors qu’à l’échelle d’un particulier, ils ont peu de chances d’être efficaces : c’est leur nombre qui fait leur force.

Les pièges sont des compléments
et non des solutions alternatives uniques.

Le piégeage peut-il remplacer les autres
méthodes de lutte ? Non.

Le piégeage peut être envisagé comme complément d’une stratégie de lutte antilarvaire ou de réduction des gîtes, mais il ne peut pas, à lui seul, résoudre de façon significative la nuisance des moustiques Aedes caspius (issus des zones humides) ou Aedes albopictus (moustiques-tigres, urbains). Les scientifiques et les opérateurs
travaillent sur ce sujet et expérimentent.

Les pièges à CO2 (C) et les pièges à oviposition (A) font partie du panel d’outils testés par les opérateurs de démoustication.

Pour le moment, l’utilisation des pièges à des fins de lutte n’est qu’expérimentale et leur emploi opérationnel exclusif ne devrait pas pouvoir limiter efficacement la nuisance. Pour Aedes albopictus (moustique-tigre), il faut coupler l’utilisation de pièges (à oviposition (A) et à CO2 (C)) à une stratégie globale et participative de réduction de la nuisance.

Certains types de pièges sont trop récents pour conclure sur leur efficacité.

Il est néanmoins vrai que la mise en place d’un piège peut avoir un effet
psychologique.

Un essai très récent a montré l’efficacité d’une barrière de pièges à CO2 pour réduire la nuisance du moustique-tigre, à raison d’un piège tous les 5 m environ. Mais le coût de ce dispositif est très élevé.

Tous les pièges se valent-ils ? Non.

De nombreux pièges se ressemblent. Mais ils ne fonctionnent pas tous de la même façon, en particulier les pièges à CO2 (C) (CO2 en bouteille ou CO2 produit par la catalyse de propane, autonomes ou branchés sur le secteur, avec des attractifs supplémentaires, etc.). Les différents pièges ne capturent pas tous les mêmes espèces ni les mêmes quantités de moustiques.